L'histoire de Suzanne

Le mari de ma cliente a grillé +200k€ de la trésorerie de leur boîte au casino. C’est horrible. Mais il y a pire.

Petit rappel des faits d’abord :

Suzanne et Paul ont créé un business de pompes funèbres. Ce n’est pas sexy mais c’est très rentable. En couple, ils ont fait un 50/50. Elle gérait l’administratif et l’opérationnel, et lui, le financier et le commercial.

Les premières années se passent très bien.

Mais 7 ans plus tard, Paul a perdu pied :

- Il l’a trompée à plusieurs reprises sans s’en cacher.

- Il a joué l’argent de la société au blackjack.

- Il l’a dénigrée devant les clients en deuil.

Paul a fini par divorcer.

C’est atroce, mais le pire, c’est qu’il l’a attaquée pour l’exclure de l’entreprise.

Le tribunal a décidé que c’était Paul qui gardait la boite. C’est injuste mais ça arrive. Dans un 50/50, c’est une chance sur deux. Elle a perdu.

C’est à ce moment-là que Suzanne arrive chez moi.

Lors du premier rdv, je la découvre en pleurs.

Le jugement date de l’an dernier. Et rien ne bouge.  

Un expert judiciaire devait fixer le prix des parts de Suzanne.

Jusque-là, tout était cohérent.

Sauf que 12 mois se sont écoulés. Et l’expertise n’a toujours pas démarré. Pourtant, l’expert a été payé. Il aurait dû entamer sa mission après 1 mois.

C’est anormal.  

Intrigué, je gratte. Je comprends que l’inertie de l’expert profite à Paul. « Laisser le dossier dormir » épuise Suzanne. Elle pourrait finir par abandonner.

Paul joue la montre. L’expert va dans son sens.

Pour moi, il n’est pas neutre.

D’entrée de jeu, je conseille à Suzanne de remplacer l’expert pour suspicion de partialité. Désespérée, elle accepte. En 3 mois, on sort l’expert du jeu.

Le rapport de force est rétabli.

Bizarrement, Paul accepte de négocier tout de suite.

Suzanne reçoit son argent et retrouve enfin sa dignité.